
Au début des années 1930, le dictateur italien Benito Mussolini était déterminé à étendre l'Empire africain de l'Italie en annexant l'Éthiopie. En décembre 1934, un affrontement, provoqué par les Italiens, se produisit entre les forces armées italiennes et éthiopiennes à Welwel, du côté éthiopien de la frontière avec la Somalie italienne. Mussolini déclara que l'incident était « un acte d'autodéfense » et, qu'en vertu des accords internationaux, il n'était donc pas soumis à l'arbitrage. L'Italie exigea des compensations et la reconnaissance de la zone comme appartenant aux Italiens. Lorsque l'empereur Haïlé Sélassié refusa de céder à ses demandes, l'Italie commença à mobiliser ses forces. Membre de la Société des Nations, l'Éthiopie porta l'affaire devant le Conseil, mais Mussolini ignora toutes les propositions de résolution de la crise émises par la Société. Le 3 octobre 1935, les forces italiennes envahirent l'Éthiopie depuis l'Érythrée et la Somalie italienne. La capitale Addis-Abeba tomba en mai 1936. L'empereur Haïlé Sélassié, qui se trouvait à Genève à ce moment-là, demanda en vain l'aide de l'Assemblée. La Société refusa d'agir, et la plupart des pays membres reconnurent la conquête italienne. Le texte présenté ici est le discours passionné de l'empereur qu'il donna devant l'Assemblée le 30 juin 1936. Le texte du discours, prononcé en amharique, occupe la partie gauche des pages. La traduction française apparaît en regard à droite. Le document provient des archives de la Société des Nations, qui furent transférées aux Nations Unies en 1946 et qui sont désormais conservées à l'Office des Nations Unies à Genève. Ces archives furent inscrites au Registre de la Mémoire du monde de l'UNESCO en 2010.