
Cet ouvrage est un traité de trigonométrie par Li Madou, nom chinois du jésuite italien Matteo Ricci (1552–1610). Ricci partit pour la Chine en 1581, et il arriva à Macao en 1582. Aux côtés de Luo Mingjian (Michele Ruggieri, 1543–1607), il débuta sa mission à Zhaoqing, dans la province du Guangdong, où il publia Wan guo yu tu (Carte de 10 000 pays), ouvrage bien reçu par les érudits chinois. Il fut expulsé de Zhaoqing et s'installa à Jiangxi, où il devint en 1596 supérieur de la mission. Il vécut à Beijing de 1600 jusqu'à sa mort. En reconnaissance de ses compétences scientifiques, et particulièrement de ses prédictions exactes des éclipses solaires, Ricci fut invité à occuper une fonction de conseiller par l'empereur. Il établit la première église catholique en Chine, pouvait accéder librement à la cour, et rencontra d'importants fonctionnaires et des érudits influents. Il écrivit de nombreux ouvrages, y compris Tian zhu shi yi (La véritable notion du Seigneur des cieux), en deux juan, Jiao you lun (Traité sur l'amitié), Ji ren shi pian, également appelé Tian zhu shi jie (Dix paradoxes), en deux juan, Bian xue yi du (Débats sur les critiques des doctrines chrétiennes), Tong wen suan zhi (Traité d'arithmétique), en onze juan, Gou gu yi (Principe des triangles rectangles), ainsi que le traité présenté ici, Ce liang fa yi (Ouvrage de trigonométrie). Ce dernier fut dicté par Ricci à Xu Guangqi (1562–1633), qui l'écrivit. Xu Guangqi, érudit et fonctionnaire, fut formé par Ricci dans différents domaines, et il travailla avec lui sans interruption de 1604 à 1607. Xu traduisit des ouvrages occidentaux sur les mathématiques, l'hydraulique, l'astronomie et la géographie, dont le plus notable fut Éléments d'Euclide, intitulé Ji he yuan ben et publié en 1611. Il réalisa la traduction de cet ouvrage en 1606–1608. Ricci collabora également avec le traducteur Li Zhizao sur plusieurs livres, notamment Yuan rong jiao yi (Traité de géométrie). La Bibliothèque centrale nationale possède dans ses collections une série intitulée Hai shan xian guan cong shu (Collection de la maison céleste de la mer et de la montagne), qui contient entre autres cet ouvrage, et Yuan rong jiao yi, Ce liang yi tong et Gou gu yi. Le livre présenté ici est consacré au principe des triangles rectangles. Il aborde les outils de mesure des longueurs et des angles, puis les images, telles que l'image directe, l'image inversée et les calculs. Cette partie est suivie de questions, avec leurs réponses, par exemple sur comment mesurer la hauteur d'une montagne et d'un balcon, la profondeur d'un puits et d'une vallée, et les distances terrestres et les routes. L'œuvre se termine par des exemples comparant la méthode occidentale de multiplication et de division au système mathématique décrit dans Jiu zhang (Neuf chapitres sur l'art mathématique), ouvrage anonyme comptant parmi les textes mathématiques chinois les plus anciens qui existent encore aujourd'hui.