
En préparation à la conférence de paix qui devait suivre la Première Guerre mondiale, au printemps 1917, le ministère des Affaires étrangères britannique établit une section spéciale chargée de préparer les informations de synthèse utiles aux délégués britanniques. La Turquie en Europe est le numéro 16 d'une série de plus de 160 études produites par cette section, dont la plupart furent publiées après la conclusion de la conférence de paix de Paris en 1919. En 1914, quand la guerre commença, l'Empire ottoman avait perdu la plupart de ses territoires, autrefois étendus, dans la péninsule balkanique, et sa domination ne s'étendait que jusqu'à l'actuelle Turquie européenne et la région de la Thrace (dans la Grèce actuelle). Le livre fournit une vue d'ensemble de la géographie physique et politique de ces régions, une brève histoire politique de l'empire depuis sa fondation en 1300, jusqu'au début du XXe siècle et un long chapitre sur les conditions économiques. La partie « Objectifs de la guerre des Jeunes-Turcs » cite largement un mémorandum distribué aux provinces turques au lendemain de la déclaration de guerre de l'Empire ottoman à l'Empire britannique, à la Russie et à la France, soulignant le rôle crucial des mobiles panislamistes et pantouraniens. Il conclut que « l'idéal des Jeunes-Turcs de reproduire, dans des conditions modernes, les conquêtes touraniennes de Gengis Khan et de Tamerlan » avait échoué. Le touranisme désigne un mouvement visant à unir tous les peuples touraniens, qui étaient censés inclure les peuples turcs et quelques autres peuples apparentés.