
Battista Agnese, un des cartographes les plus importants de la Renaissance italienne, naquit à Gênes. Il travailla à Venise entre 1536 et 1564. C'est durant cette période, en 1544 environ, qu'il produisit cet atlas manuscrit somptueux sur vélin, bien exécuté à la plume, à l'encre et à l'aquarelle, avec des enluminures dorées et argentées. L'atlas reflète les dernières connaissances géographiques, principalement acquises suite aux voyages des explorateurs espagnols et portugais au cours de la première moitié du XVIe siècle. Cinquante ans à peine après le voyage historique de Colomb de 1492, les nouvelles informations recueillies à partir des observations sur le terrain modifiaient rapidement l'image que les Européens avaient du monde. Les première, deuxième et dixième cartes de l'atlas sont consacrées à différentes régions des Amériques. La première carte représente le golfe de Californie, découvert par Francisco de Ulloa en 1539, le Yucatan, sous forme d'île, et partiellement les littoraux est et ouest de l'Amérique du Sud. La deuxième carte montre l'ensemble de la côte atlantique et des parties de la côte pacifique de l'Amérique du Nord et de l'Amérique du Sud. Le réseau fluvial en Amérique du Sud suggère fortement que le Brésil est une île. La dixième carte, une mappemonde ovale, indique l'itinéraire de la circumnavigation de Magellan, ainsi que les routes des flottes espagnoles chargées d'or naviguant du Pérou à l'Espagne, avec le portage par voie de terre sur l'isthme de Panama. Dans les nuages bleus et dorés entourant cette carte du monde, les chérubins, qui soufflent les vents, représentent les douze points classiques du vent desquels découlent les points cardinaux modernes. Une version de cette mappemonde parut dans chacun des 71 atlas de Battista Agnese encore existants aujourd'hui. Les deuxième et dixième cartes contiennent les représentations de Panama les plus anciennes. La neuvième carte montre la côte méditerranéenne. L'atlas, qui inclut une sphère armillaire et une carte des signes du zodiaque finement dessinée, fut produit pour Jérôme Ruffault. L'ouvrage lui fut dédié, comme en témoigne la dédicace à côté de ses armoiries. Ruffault fut abbé du monastère bénédictin de Saint–Vaast et de Saint–Adrien à Arras, ville d'origine gallo–romaine du nord de la France.