
Cet ouvrage contient des témoignages directs concernant les événements qui se déroulèrent au Vietnam entre 1767 et 1804. Différents éléments indiquent que les sept premiers chapitres furent écrits par un haut fonctionnaire de la cour, Ngo Thoi Nham (également Ngo Thi Nham, 1746–1803). Ngo Thoi Chi, fonctionnaire de la cour, contribua également à l'ouvrage. Il accompagna le dernier roi Lê, Lê Chiêu Thông, en exil à Pékin, où le souverain mourut en 1793. Le titre donné initialement par l'auteur, Hoàng Lê Nhất Thốg Chí (Documents royaux d'unification du Lê), exprime son souhait de voir le pays réunifié sous la dynastie Lê. Après la mort de l'auteur d'origine, d'autres érudits de la famille Ngo mirent à jour l'ouvrage, ajoutant dix nouveaux chapitres. Une fois la dynastie Lê disparue, les derniers auteurs modifièrent le titre de façon à refléter la réunification du Vietnam (à l'époque appelé Annam) par l'empereur Gia Long, de la dynastie Nguyen. Ngo Thoi Du, également fonctionnaire à la cour, fut un autre contributeur du livre. Écrit dans le style d'un roman historique, le livre fut perçu à tort pendant de nombreuses années comme une fiction. À une époque plus récente, des érudits vietnamiens l'analysèrent et confirmèrent qu'il s'agissait d'un document historique très fiable. Le manuscrit présenté ici contient les sept premiers chapitres. La narration commence par l'ascension au pouvoir de la concubine Đặng Thị Huệ et se termine deux ans après la réunification du Vietnam par Gia Long. Elle couvre la fin du règne des Lê Trịnh qui fut précipitée lorsque les kiêu binh (troupes arrogantes) détrônèrent en 1782 le seigneur enfant Trịnh Căn et le remplacèrent par Trịnh Tông, profitant du chaos politique et au sein de la cour. Le soulèvement des frères Nguyễn Huệ en 1770 débuta dans le hameau de Tây Sơn, puis les révoltés marchèrent sur Thăng Long pour vaincre l'armée envahissante Qing. Ces événements entraînèrent l'exil de Lê Chiêu Thống et sa mort à Pékin. Grâce au soutien populaire acquis par les Tây Sơn, les troubles s'apaisèrent, mais le roi Quang Trung (règne : 1788−1792 env.) mourut jeune. La cour de son successeur Cảnh Thịnh perdit la faveur du peuple et son règne s'effondra en 1802 sous l'attaque de l'armée ravivée de Nguyễn Phúc Ánh, seigneur Nguyễn. Ce dernier fut ensuite appelé empereur Gia Long, fondateur de la dynastie des Nguyễn, dernière dynastie du Vietnam.