
Cet ensemble particulier de dessins colorés, appelés les « instruments de Hieronymus », est souvent retrouvé dans les représentations des instruments musicaux du Moyen Âge. Ces dessins proviennent du recueil de l'abbaye bénédictine de Saint–Emmeran à Ratisbonne, en Bavière, qui contient plusieurs écrits sur la musique, produits du IXe au XIIIe siècle. Réalisés à Frisingue durant le troisième quart du IXe siècle, les dessins viennent illustrer une lettre que le Père de l'Église et traducteur de la Bible saint Jérôme (mort en 420) aurait adressée au chrétien gaulois Dardanus. La lettre aborde les instruments musicaux païens et chrétiens mentionnés dans la Bible et explique leurs significations allégoriques. Par exemple, le tuba est décrit comme un clairon biblique utilisé pour convoquer le peuple. Si ces dessins étranges représentent des instruments musicaux réels, mais depuis longtemps oubliés, ou s'ils doivent être perçus de façon seulement symbolique fait encore l'objet de débats parmi les érudits. Certains des instruments furent peut-être inspirés d'exemples dans le monde arabe, grec byzantin ou ancien proche-oriental, mais il n'existe aucune preuve de leur existence. Les autres manuscrits reliés dans ce recueil sont les suivants : Carmina dubia (Poèmes incertains) par Walafrid Strabon (également appelé Gaufroy le Louche), De computo (Sur les calculs) par Raban Maur, Ad Dardanum de diversis generibus musicorum ([Épître] À Dardanus sur les différents genres musicaux) par Pseudo-Hieronymus (ou peut-être Raban Maur), Etymologiarum liber III (Livre III des Étymologies, le chapitre 19 et des extraits des chapitres 20−22) par Isidore de Séville, De institutione musica (Les principes de la musique) par Boèce, Micrologus (Micrologue), Regulae rhythmicae (Les règles du rythme), Prologus in antiphonarium (Introduction à l'antiphonaire) et Epistula ad Michahelem (Épître à Michel) par Guido d'Arezzo, ainsi que De musica mensurata (Sur les mesures de la musique) d'un écrivain anonyme de Saint–Emmeran.