
Cette estampe, représentant des soldats combattant parmi les arbres et la défaite des Allemands dans une bataille près de Varsovie, est extraite de la collection d'affiches de style loubok de la Première Guerre mondiale, conservée à la British Library. La légende explique : « Le corps sibérien manifesta une immense bravoure lors des batailles près de Varsovie. Il captura de nombreux soldats du 20e corps allemand durant la bataille dans la forêt de Moshidlovskii. Le 17e corps, qui lança la principale offensive dans la région de Błonie et de Pruszków, souffrit le plus. C'est là que les corps sibériens et russes infligèrent de grandes pertes à l'ennemi. Les Allemands comptèrent des dizaines de milliers de morts et de blessés ». Le loubok, mot d'origine russe, est une estampe populaire créée à partir de gravures sur bois ou à l'eau-forte, ou plus tard à l'aide du procédé lithographique. Les estampes, qui pouvaient s'accompagner d'un texte, étaient souvent caractérisées par des images simples, colorées et narratives. Les loubki devinrent populaires en Russie à partir de la fin du XVIIe siècle. Les estampes, venant souvent illustrer le récit d'un événement historique, d'un conte littéraire ou religieux, permettaient de diffuser ces histoires auprès de la population analphabète. Le ton de ces images expressives était très varié, allant de l'humour à l'enseignement, en passant par le commentaire social et politique sévère. Clairs et faciles à comprendre, certains dessins étaient produits en série, ouvrant la voie à la bande dessinée moderne. Leur reproduction, peu coûteuse, fit entrer l'art dans les foyers des masses. Initialement, les classes supérieures n'accordèrent aucun crédit à ce style artistique, mais à la fin du XIXe siècle, la notoriété du loubok était telle que les artistes professionnels s'en inspirèrent. Pendant la Première Guerre mondiale, les loubki informaient les Russes des événements sur le front, remontaient le moral et servaient de propagande contre les combattants ennemis.