
Cette estampe, représentant la bataille de la Vistule (aujourd'hui en Pologne), qui opposa les forces russes aux forces allemandes, est extraite de la collection d'affiches de style loubok de la Première Guerre mondiale, conservée à la British Library. La légende explique : « Les combats intenses éclatèrent près de Blonie au cours d'une offensive de nuit allemande sur Varsovie. Les feux des obus d'artillerie et des maisons incendiées par les Allemands éclairaient la nuit. Les éclats d'obus étaient projetés dans les airs dans toutes les directions, la terre tremblait sous le fracas des armes et les rafales étaient incessantes. Malgré les tirs mortels, les troupes russes commencèrent à combattre avec leurs baïonnettes. Les Allemands ne purent pas résister à l'attaque et s'enfuirent, abandonnant leurs morts et leurs blessés sur le champ de bataille ». Le loubok, mot d'origine russe, est une estampe populaire créée à partir de gravures sur bois ou à l'eau-forte, ou plus tard à l'aide du procédé lithographique. Les estampes, qui pouvaient s'accompagner d'un texte, étaient souvent caractérisées par des images simples, colorées et narratives. Les loubki devinrent populaires en Russie à partir de la fin du XVIIe siècle. Les estampes, venant souvent illustrer le récit d'un événement historique, d'un conte littéraire ou religieux, permettaient de diffuser ces histoires auprès de la population analphabète. Le ton de ces images expressives était très varié, allant de l'humour à l'enseignement, en passant par le commentaire social et politique sévère. Clairs et faciles à comprendre, certains dessins étaient produits en série, ouvrant la voie à la bande dessinée moderne. Leur reproduction, peu coûteuse, fit entrer l'art dans les foyers des masses. Initialement, les classes supérieures n'accordèrent aucun crédit à ce style artistique, mais à la fin du XIXe siècle, la notoriété du loubok était telle que les artistes professionnels s'en inspirèrent. Pendant la Première Guerre mondiale, les loubki informaient les Russes des événements sur le front, remontaient le moral et servaient de propagande contre les combattants ennemis.