
Cette estampe, représentant le naufrage de quatre cargos turcs, est extraite de la collection d'affiches de style loubok de la Première Guerre mondiale, conservée à la British Library. La légende explique : « Après un bombardement intensif du port turc de Zonguldak, en mer Noire, notre détachement repéra une unité ennemie en mer. Elle était composée de quatre navires de guerre et de quatre cargos, avec à leur bord des troupes et du ravitaillement. Après avoir coulé les cargos par des tirs d'artillerie et endommagé les vaisseaux qui parvinrent à s'échapper, notre détachement rentra à Sébastopol, sain et sauf et sans essuyer de pertes ». Le loubok, mot d'origine russe, est une estampe populaire créée à partir de gravures sur bois ou à l'eau-forte, ou plus tard à l'aide du procédé lithographique. Les estampes, qui pouvaient s'accompagner d'un texte, étaient souvent caractérisées par des images simples, colorées et narratives. Les loubki devinrent populaires en Russie à partir de la fin du XVIIe siècle. Les estampes, venant souvent illustrer le récit d'un événement historique, d'un conte littéraire ou religieux, permettaient de diffuser ces histoires auprès de la population analphabète. Le ton de ces images expressives était très varié, allant de l'humour à l'enseignement, en passant par le commentaire social et politique sévère. Clairs et faciles à comprendre, certains dessins étaient produits en série, ouvrant la voie à la bande dessinée moderne. Leur reproduction, peu coûteuse, fit entrer l'art dans les foyers des masses. Initialement, les classes supérieures n'accordèrent aucun crédit à ce style artistique, mais à la fin du XIXe siècle, la notoriété du loubok était telle que les artistes professionnels s'en inspirèrent. Pendant la Première Guerre mondiale, les loubki informaient les Russes des événements sur le front, remontaient le moral et servaient de propagande contre les combattants ennemis.