
Cette estampe, qui représente les troupes allemandes traversant le Niémen durant la bataille d'Augustów (aujourd'hui en Pologne), est extraite de la collection d'affiches de style loubok de la Première Guerre mondiale, conservée à la British Library. La légende explique : « Compte–rendu du quartier général du chef d'état–major. La bataille d'Augustów s'acheva dans la victoire le 20 septembre. La défaite des Allemands fut complète. Ils se replient désormais en débandade vers les frontières de la Prusse-Orientale. Nos vaillantes troupes poursuivirent sans relâche l'ennemi, qui abandonna des véhicules, des canons et des munitions, ainsi que les blessés. Le 10 septembre, les derniers échelons de l'armée en retraite du général Rennenkampf traversèrent le Niémen, s'établissant sur la rive droite. Le même jour dans la soirée, les unités allemandes avancées atteignirent le fleuve et le traversèrent. Le 12 septembre au matin, les sapeurs ennemis commencèrent à installer des ponts flottants, sans résistance de notre part. Il semblait que la rive droite était déserte. Une fois l'artillerie en place, les Allemands initièrent le transport des troupes près de Mullion. D'abord en prenant toutes les précautions, puis avec davantage de confiance, ils parvinrent au milieu du fleuve, sans incident ni un seul coup de feu. On entendit soudainement des crépitements et des grondements. Soigneusement dissimulées et bien camouflées sur la rive droite du Niémen, les mitrailleuses et l'artillerie russes accueillirent l'ennemi avec des grenades, des éclats d'obus et des rafales de balles. Les Allemands furent balayés en quelques minutes. L'artillerie ennemie répliqua en bombardant avec acharnement nos batteries. Un intense combat d'artillerie commença. Les Allemands tentèrent en vain de trouver nos batteries bien camouflées. Les tirs venant de la rive droite ne cessèrent pas une minute. Les Allemands essayèrent une deuxième fois de passer sur l'autre rive du Niémen en utilisant le pont flottant, mais ce fut une nouvelle erreur. Aucun des soldats qui eurent l'audace de monter sur le pont ne survécut. Leurs corps mutilés furent jetés dans les eaux troubles du Niémen. L'ennemi rassembla toute son artillerie et continua à tirer furieusement sur la rive droite du fleuve. Les tirs durèrent six heures. Les Prussiens bombardèrent la batterie russe avec des éclats d'obus. Enfin, au bout de six heures, les Allemands tentèrent pour la dernière fois de traverser le fleuve. Les fantassins allemands commencèrent à marcher sur le pont flottant en rangs serrés, mais ils furent à nouveau chassés par les tirs effroyables des mitrailleuses. Dans la soirée, les tirs des batteries ennemies diminuèrent progressivement. Les unes après les autres, anéanties par la précision de nos feux d'artillerie, les batteries allemandes s'atténuèrent, puis se turent bientôt complètement. L'armée ennemie recula de 12 verstes, poursuivie par les cosaques, qui empruntèrent le pont flottant ».