
Cette première édition de La princesse de Montpensierde Madame de La Fayette parut en 1662 sans nom d'auteur. L'intrigue raconte, au temps des guerres de religions, les tourments amoureux entre la princesse, son époux indifférent, le duc de Guise, duquel elle s'était déjà éprise avant son mariage arrangé, et l'ami du prince, le comte de Chabannes. Ce dernier, amoureux de l'héroïne qui n'en a cure, sacrifie son honneur pour sauver celui de sa dame avant de disparaître, assassiné durant la Saint–Barthélemy. Guise convoitant alors une autre femme, la princesse meurt de « la douleur d'avoir perdu l'estime de son mari, le cœur de son amant et le plus parfait ami qui fut jamais ». Ce bref récit au style dépouillé est ancré dans la réalité historique du siècle précédent (presque tous les personnages ont réellement existé), tout en restant fidèle aux mœurs de l'époque. Les protagonistes ne se posent pas en modèles, au contraire : le mari ne s'intéresse pas vraiment à son épouse, l'amant est inconstant et l'épouse ne pense qu'à satisfaire ses propres désirs. Seul Chabannes se perd au nom d'un idéal passé de mode. L'amour, magnifié partout ailleurs, est ici un poison qui dévoile l'hypocrisie sociale, mais qui conduit à la tragédie : « l'on est bien faible quand on est amoureux ». Cette nouvelle annonce l'œuvre phare du XVIIe siècle de Madame de La Fayette, La Princesse de Clèves, publiée en 1678.