
Cette estampe, qui représente un soldat de cavalerie isolé blessant l'ennemi mortellement, est extraite de la collection d'affiches de style loubok de la Première Guerre mondiale, conservée à la British Library. La légende indique : « La Russie toute entière connait l'exploit de Kozma Kryuchkov, cosaque du Don. Il maintint vaillamment la gloire militaire des cosaques russes, qui sèment la terreur chez les ennemis de la Russie. Un groupe de six cosaques, dont Kryuchkov, fut envoyé en éclaireur depuis Kolvari, près de la frontière prussienne. Elle se trouva nez à nez avec un détachement de cavaliers prussiens composé de 27 hommes. Deux cosaques partirent immédiatement pour en informer leurs supérieurs. Les quatre autres engagèrent le combat avec les ennemis, les firent battre en retraite et les pourchassèrent sur 19 kilomètres. Kryuchkov affronta seul 11 Allemands, puis une bataille acharnée éclata. Les Allemands le blessèrent de leur lance et il combattit d'abord avec son fusil. Lorsque Kryuchkov perdit son arme, il commença à taillader l'ennemi de son épée. Il utilisa ensuite une lance allemande, dont il venait de s'emparer. Ce héro cosaque souffrit de 16 blessures, mais il ressortit vainqueur du combat, ayant tué 11 Allemands à lui seul. Grâce à sa bravoure exceptionnelle, Kryuchkov fut le premier soldat à recevoir la Croix de Saint–Georges pendant cette guerre ». Le loubok, mot d'origine russe, est une estampe populaire créée à partir de gravures sur bois ou à l'eau-forte, ou plus tard à l'aide du procédé lithographique. Les estampes, qui pouvaient s'accompagner d'un texte, étaient souvent caractérisées par des images simples, colorées et narratives. Les loubki devinrent populaires en Russie à partir de la fin du XVIIe siècle. Les estampes, venant souvent illustrer le récit d'un événement historique, d'un conte littéraire ou religieux, permettaient de diffuser ces histoires auprès de la population analphabète. Le ton de ces images expressives était très varié, allant de l'humour à l'enseignement, en passant par le commentaire social et politique sévère. Clairs et faciles à comprendre, certains dessins étaient produits en série, ouvrant la voie à la bande dessinée moderne. Leur reproduction, peu coûteuse, fit entrer l'art dans les foyers des masses. Initialement, les classes supérieures n'accordèrent aucun crédit à ce style artistique, mais à la fin du XIXe siècle, la notoriété du loubok était telle que les artistes professionnels s'en inspirèrent. Pendant la Première Guerre mondiale, les loubki informaient les Russes des événements sur le front, remontaient le moral et servaient de propagande contre les combattants ennemis.