
Cette estampe, représentant les forces russes armées de baïonnettes et d'épées, engagées dans un combat au corps à corps contre les Turcs, est extraite de la collection d'affiches de style loubok de la Première Guerre mondiale, conservée à la British Library. La légende indique : « Nos troupes envahirent la Turquie, renversèrent les unités en progression des troupes turques, puis saisirent Zivin, Karakulissа Passinskaya, Akhty, Dydah, Korun, Mysun et Arzap. Les Turcs se replièrent, subissant de lourdes pertes et abandonnant leurs morts. Après avoir chassé l'ennemi du village, un de nos flancs lança une attaque soudaine. Les Turcs s'enfuirent, laissant les blessés derrière eux. À Ardost Eid, nous nous emparâmes d'une grande quantité de vivres. Nous saisîmes également Alikilissa, le Khorasan et Kara-Derbent. Une de nos sotnias [unités de 100 hommes] cosaques attaqua courageusement à cheval les tranchées et vainquit l'infanterie turque dans un combat à l'épée ». Cette image, comme de nombreuses autres de la collection, fut imprimée à la presse moscovite d'Ivan Sytin (1851–1934). À partir des années 1880, Sytin fut l'éditeur d'imprimés loubki le plus populaire et le plus accompli de Russie. Il publia également des livres populaires bon marché pour les ouvriers et les paysans, ainsi que des manuels et de la littérature pour enfants. La qualité de cette estampe est supérieure à celle de nombreuses images publiées dans d'autres imprimeries, grâce aux couleurs et aux tons parfaitement assortis, ainsi qu'à la multitude de petits détails visibles. Le loubok, mot d'origine russe, est une estampe populaire créée à partir de gravures sur bois ou à l'eau-forte, ou plus tard à l'aide du procédé lithographique. Les estampes, qui pouvaient s'accompagner d'un texte, étaient souvent caractérisées par des images simples, colorées et narratives. Pendant la Première Guerre mondiale, les loubki informaient les Russes des événements sur le front, remontaient le moral et servaient de propagande contre les combattants ennemis.