
Cette estampe, représentant une scène de bataille sur la Bzoura, est extraite de la collection d'affiches de style loubok de la Première Guerre mondiale, conservée à la British Library. La légende indique : « Le deuxième assaut des troupes allemandes sur Varsovie et la Vistule fut endigué sur le front de la Bzoura et de son affluent, la Rawka. Plus au sud, la ligne de défense progressa le long des rivières Pilica et Nida, à la confluence de cette dernière avec la Vistule. L'armée russe était positionnée là telle une muraille infranchissable. Les forces allemandes tentèrent désespérément à plusieurs reprises de passer de l'autre côté de la Bzoura et de la Rawka. Nos héros les laissèrent délibérément traverser le cours d'eau, parfois en grandes unités, seulement pour les attaquer sans tirer un seul coup de feu, en les poignardant et en les jetant dans la rivière. Notre artillerie inégalable attendit parfois que les Allemands aient installé des ponts flottants et commencé à traverser la rivière pour détruire les ponts à l'aide de tirs précis et violents, condamnant l'infanterie et l'artillerie ennemies à la noyade. Les Allemands perdirent de nombreux hommes, morts et blessés ». Le loubok, mot d'origine russe, est une estampe populaire créée à partir de gravures sur bois ou à l'eau-forte, ou plus tard à l'aide du procédé lithographique. Les estampes, qui pouvaient s'accompagner d'un texte, étaient souvent caractérisées par des images simples, colorées et narratives. Les loubki devinrent populaires en Russie à partir de la fin du XVIIe siècle. Les estampes, venant souvent illustrer le récit d'un événement historique, d'un conte littéraire ou religieux, permettaient de diffuser ces histoires auprès de la population analphabète. Le ton de ces images expressives était très varié, allant de l'humour à l'enseignement, en passant par le commentaire social et politique sévère. Clairs et faciles à comprendre, certains dessins étaient produits en série, ouvrant la voie à la bande dessinée moderne. Leur reproduction, peu coûteuse, fit entrer l'art dans les foyers des masses. Initialement, les classes supérieures n'accordèrent aucun crédit à ce style artistique, mais à la fin du XIXe siècle, la notoriété du loubok était telle que les artistes professionnels s'en inspirèrent. Pendant la Première Guerre mondiale, les loubki informaient les Russes des événements sur le front, remontaient le moral et servaient de propagande contre les combattants ennemis.