
En 1788, Jacques–Henri Bernardin de Saint–Pierre (1737−1814) publie un récit assez bref, Paul et Virginie, qui relate la jeunesse de deux enfants élevés comme frère et sœur par leurs mères, en marge de la société, sur l'Isle de France (ancienne colonie française aujourd'hui appelée l'île Maurice). Leur paradis enfantin s'effrite à l'adolescence, lorsque l'éveil de la sensualité vient troubler leur amour innocent. La mère de Virginie envoie cette dernière en Europe pour l'éloigner de Paul. À son retour, son bateau est pris dans une tempête au large de l'île. Refusant d'ôter ses habits devant les marins pour se mettre à l'eau, Virginie préfère sombrer avec le navire et se noie sous les yeux de Paul, qui meurt de chagrin. La mort de Paul et de Virginie est bientôt suivie par celle des deux mères en deuil. Cette « pastorale », un genre littéraire alors en vogue, connaît un succès sans précédent. Traduit dans plusieurs langues, parodié et fréquemment adapté, le livre fit partie tout au long du XIXe siècle des grands classiques de la littérature, que l'on doit donner à lire aux adolescents pour son apologie de la virginité et son éloge de la pudeur jusqu'à la mort. Par la suite, l'ouvrage perdit son influence, les lecteurs modernes le trouvant fade et mièvre. Ce texte occupe néanmoins une place importante dans l'histoire de la littérature française, car la violence des émotions des personnages annonce l'avènement du romantisme et de l'exotisme. L'ouvrage présenté ici est une édition illustrée de 1838. Il débute par une introduction sur Saint–Pierre par Charles–Augustin Sainte–Beuve (1804−1869), historien et critique littéraire très influent. Le texte de Paul et Virginie est suivi de quelques pages de notes, puis de La chaumière indienne. Cette deuxième œuvre de Saint–Pierre, publiée en 1791, raconte l'histoire d'un médecin anglais voyageant en Inde et sa rencontre avec un paria qui, malgré les injustices à son égard, semblait avoir découvert les secrets d'une vie heureuse. La dernière partie du livre est constituée de 37 pages de notes illustrées sur la flore mauricienne et indienne, puis d'un index des artistes et graveurs du volume.