
Jacques van Maerlant (1235−1300 env.) fut probablement le poète néerlandais le plus important du XIIIe siècle. Il produisit une traduction en vers de la Bible (Rijmbijbel) et une adaptation, intitulée Spiegel historiael, de Speculum historiale, histoire du monde jusqu'en 1250 de Vincent de Beauvais (mort en 1264). Le manuscrit présenté ici, Der naturen bloeme (Du charme de la nature), est une adaptation de De natura rerum (De la nature des choses) du philosophe et théologien Thomas de Cantimpré (1200−1270 env.). L'ouvrage De natura rerum provient lui–même de sources classiques, dont la plus ancienne est le Physiologos, texte grec écrit à Alexandrie au IIe siècle, décrivant près de 50 animaux, monstres et minéraux. Pour sa traduction néerlandaise, van Maerlant abrégea quelque peu le texte de Thomas de Cantimpré. En 13 livres, il aborde consécutivement l'homme, les quadrupèdes, les oiseaux, les poissons et d'autres créatures marines, les reptiles, les insectes, les arbres, les herbes médicinales, les sources, les gemmes et les métaux. Les thèmes sont traités dans un ordre approximativement alphabétique de leur nom (latin). Dans ce manuscrit de la Bibliothèque nationale des Pays–Bas, Der naturen bloeme est précédé d'un calendrier pour Utrecht et de plusieurs courts traités, dont De natuurkunde van het geheelal (Histoire naturelle de l'univers) d'un certain frère Gheraert van Lienhout (actif de 1280 à 1320), un ouvrage d'astrologie et de quelques recettes. L'œuvre de Van Maerlant commence au recto du feuillet 38. Le manuscrit fut produit en 1350 environ à Utrecht ou dans les Flandres, bien que le lieu précis de sa réalisation reste difficile à déterminer. Il contient approximativement 460 miniatures, outre les dessins de sphères célestes (à partir du recto du feuillet 9), dont certains ne sont pas terminés. Les enluminures les plus saisissantes représentent des homines monstruosi, races étranges habitant des terres lointaines, notamment des cannibales, des cyclopes, des personnes avec une seule jambe ou avec des pieds si grands qu'ils peuvent servir d'ombrelles. On sait peu de choses sur la provenance du manuscrit. L'Académie néerlandaise des sciences l'acquit en 1812 avec les biens de G. Th. van der Capellen et de son épouse F.J. d'Hangest d'Yvoy. La source la plus ancienne le référençant est le catalogue d'une vente aux enchères tenue à La Haye le 6 septembre 1779, qui révèle qu'il appartenait au libraire de La Haye Cornelis van Buuren. Le catalogue indique également qu'il s'agissait d'une « excellente pièce maîtresse », « très ancienne, mais propre et bien entretenue ».