
Le principe de la liberté des mers fut une question très controversée pendant la Première Guerre mondiale. La Grande–Bretagne, qui jouissait d'une supériorité maritime sur l'Allemagne, utilisait sa marine pour empêcher le transport de biens militaires et industriels vers ce pays, bloquant notamment des ports au Danemark, en Suède, aux Pays–Bas et dans d'autres pays neutres, par lesquels les marchandises pouvaient être transbordées à destination de l'Allemagne. Celle–ci s'indigna du blocus britannique et voulut se faire la championne de la liberté des mers, en partie pour gagner la faveur des États–Unis et d'autres pays neutres, qui s'opposaient fermement aux actions britanniques contre leurs navires. Les Allemands ripostèrent également, déclarant le 4 février 1915 qu'à partir du 18 février, ils considèreraient l'ensemble de la région autour des îles britanniques comme une zone de guerre et « tenteraient de détruire tous les navires marchands ennemis naviguant dans ces eaux ». Cet ordre, qui mettait en péril les citoyens des pays neutres voyageant sur les bateaux immatriculés dans les pays alliés, donna lieu à un incident dramatique le 7 mai 1915, lorsqu'un sous–marin allemand torpilla le paquebot britannique Lusitania au large des côtes irlandaises, tuant 1 198 personnes, dont 128 Américains. La carte présentée ici, découpée dans un journal non identifié américain ou britannique de 1915, se voulait un rejet sarcastique de la position de l'Allemagne comme protectrice de la liberté des mers. Elle montre les zones de 20 milles nautiques (37 kilomètres) le long des côtes de l'Europe de l'Ouest, où les mines marines allemandes allaient être mouillées, ainsi qu'un grand secteur délimité des eaux entourant des îles britanniques, où les navires alliés étaient susceptibles d'être attaqués. Une ligne de 60 milles nautiques (111 kilomètres) de large dans l'ouest de la Méditerranée, marquant un passage sûr garanti pour le transport maritime neutre, figure également sur la carte. Au fur et à mesure que la guerre progressait, l'Allemagne minimisa de plus en plus son engagement envers la liberté des mers et pratiqua une guerre sous–marine à outrance pour tenter d'obliger la Grande–Bretagne et la France à capituler. Les attaques des sous–marins allemands sur des navires américains finirent par jouer un grand rôle dans l'entrée en guerre des États–Unis aux côtés des Alliés. La région est représentée à l'échelle 1:12 000 000 environ.