
Della descrittione di Malta (Description de Malte) fut publié au cours de la première période de l'impression sur l'île de Malte. À l'époque, l'île était régie par un ordre religieux, l'ordre hospitalier de Saint-Jean de Jérusalem (également appelé Chevaliers de Malte), qui établit Malte comme fief de l'empereur du Saint Empire romain. L'ordre étant exempt de l'autorité de l'évêque local, de nombreux conflits sur la juridiction ecclésiastique survinrent. En 1561, pour régler les disputes entre l'ordre et l'évêque, le pape ordonna à un inquisiteur résident de fonder un tribunal sur Malte, dotant la petite île d'une troisième autorité ecclésiastique. Lorsque le grand maître Jean-Paul de Lascaris-Castellar (1636–1657) établit une presse à Malte en 1642 pour imprimer des livres destinés à l'utilisation de l'ordre, il pensa que ses publications nécessitaient uniquement l'imprimatur (autorisation d'imprimer) de l'ordre et de l'inquisiteur papal. L'évêque de Malte Miguel Balaguer Camarasa exprima son désaccord. La dispute remonta jusqu'à Rome qui dut prendre une décision. En 1664, la presse de l'ordre, la seule sur Malte, fut finalement fermée. Les impressions ne recommencèrent qu'en 1756. Les premiers ouvrages imprimés de l'ordre furent d'un intérêt local mineur ou destinés à l'utilisation des membres de l'ordre. Visant une audience locale plus large, cet ouvrage de Giovanni Francesco Abela, vice-chancelier de l'ordre, fut une entreprise plus ambitieuse. Abela était étroitement impliqué dans la gestion de l'imprimerie et la censure des publications. Son livre richement illustré mettait en valeur le talent et la technique de l'imprimeur Paul Bonacota. Cet ouvrage était essentiellement destiné à instiller fierté et estime de soi parmi les classes instruites maltaises, chose étonnante pour l'époque, car les dirigeants de Malte n'étaient pas originaires de l'île.