
Ce manuscrit conserve l'un des plus célèbres traités arabes de médecine du Moyen Âge, le Kitab al-Mansouri fi al-Tibb (Le livre sur la médecine dédié à al-Mansur), rédigé par le célèbre médecin, naturaliste, philosophe et alchimiste persan Abu Bakr Mohammad Ibn Zakariya al-Razi (865-925) au début du Xe siècle. Comme l'indique le titre du livre, cet ouvrage est dédié au gouverneur de la province de Rayy (en actuel Iran et lieu de naissance d'al-Razi), Al-Mansur ibn Ishāq. Al-Razi (également connu sous ses noms latinisés Rhazès ou Rasis) vécut à Rayy pendant au moins 30 ans et devint directeur de l'hôpital de la ville. Par la suite, il déménagea à Bagdad, la capitale du califat abbasside, où il dirigea le célèbre hôpital local et écrivit un nombre impressionnant d'ouvrages médicaux, philosophiques et alchimiques. Kitab al-Mansouri est l'un de ses deux livres les plus influents, l'autre étant la vaste encyclopédie médicale Kitāb al-Hāwī fī al-Tibb (Le livre complet sur la médecine), popularisée en occident sous le nom latin Liber Continens. Le contenu des 10 chapitres de l'ouvrage Kitab al-Mansouri est à la fois théorique et pratique, et organisé comme suit : les chapitres un à six traitent de l'alimentation, l'hygiène, l'anatomie, la physiologie, la pathologie générale et la chirurgie, des thèmes plutôt considérés comme essentiellement théoriques par l'auteur. Les quatre derniers chapitres du traité sont consacrés à des aspects plus pratiques de la médecine, tels que le diagnostic, la thérapie, les pathologies particulières et la chirurgie pratique. Vers la fin du XIIe siècle, le livre Kitab al-Mansouri fut traduit en latin par Gérard de Crémone qui exerçait alors comme traducteur d'œuvres arabes scientifiques à Tolède, en Espagne. En occident, l'ouvrage adopta le titre de Liber medicinalis ad almansorem ou plus simplement Liber almansoris. La neuvième section du livre est une discussion détaillée des pathologies médicales du corps de la tête aux pieds, devenue particulièrement célèbre et diffusée par le biais de traductions latines autonomes telles que Liber Nonus. Cette section de l'ouvrage d'Al-Razi fut largement copiée et commentée jusqu'au XVIIe siècle. Le manuscrit présenté ici est embelli par des titres rubriqués et présente divers émargements, notamment une note approfondie très intéressante en caractères amhariques conservée au début de l'œuvre.