
Les fonctionnaires de la cour chinoise consignaient souvent les activités quotidiennes de l'empereur régnant et les paroles qu'il prononçait devant la cour, particulièrement celles qui concernaient le pays. Ces archives, telles que Qi ju zhu (Journal des activités et des repos) et Ri li (Registres quotidiens), servaient de source d'information aux comités chargés de compiler les shi lu (annales véritables). Les autres sources étaient des documents collectés dans les provinces, des documents ministériels et des documents divers. Les histoires officielles reposaient sur ces archives véritables. Les dernières archives de ce type remontent à la dynastie Tang (618–907), dont les seules annales subsistant aujourd'hui et conservées dans leur intégralité sont Shunzong shi lu (Archives véritables de l'empereur Shunzong), écrites par Han Yu (768–824) en quatre juan. Elles ont survécu, car elles font partie d'un recueil de Han. Bien qu'incomplet, l'ouvrage présenté ici contient les seules archives de la dynastie Song (960–1279) qui nous soient parvenues. Désormais, il n'existe plus aucune archive de ce type de la dynastie Yuan (1271–1368). Les véritables archives sont rares, car une fois qu'une histoire officielle était rédigée, elles étaient probablement considérées comme de vieux papiers et détruites. L'exemplaire présenté ici relate les activités quotidiennes et rapporte les paroles de Taizong (939–997), second empereur Song. L'ouvrage d'origine comportait 80 juan. Selon le Junzhai du shu zhi (Catalogue des livres à Junzhai), catalogue des toutes premières collections de livres privées, l'édition complète fut compilée par Qian Ruoshui (960–1003) et quatre autres compilateurs en 998. Elle regroupe les archives des années du règne de Taizong entre 976 et 997. Cet exemplaire fragmenté comporte 12 juan (juan 31–35, 41–45 et 77–78). Les mots tabous, tels que xuan, lang, zhen, zheng et shu ne furent pas imprimés, lassant des espaces dans le texte. Qian Daxin, historien Qing (1728–1804), souligna dans son inscription manuscrite que l'omission des mots tabous prouvait que cet exemplaire datait du règne de l'empereur Lizong (1225-1264). Le nom des scribes et des relecteurs apparaît à la fin de chaque juan. Les caractères chinois erronés sont surlignés en jaune avec le mot correct écrit au-dessus, témoignant du grand soin avec lequel l'ouvrage fut réalisé.