
Ces deux fragments de calligraphie comportent des versets tirés du 11e chapitre du Coran, intitulé Hoûd (Le prophète Hoûd). Le verso du premier fragment inclut des versets (116−123) de la sourate Hoûd, ainsi que l'en-tête du chapitre et les quatre premiers versets de la 12e sourate, Yusuf (Joseph). La sourate Hoûd raconte des histoires relatives aux prophètes (par exemple, Noé et Moïse), mettant l'accent sur les leçons de morale inhérentes à ces récits. De nombreux versets ont un caractère eschatologique, et ils avertissent les pécheurs du châtiment qui les attend. On peut lire notamment : « Le jour où cela arrivera, nulle âme ne parlera qu'avec Sa permission ; / Parmi ceux qui sont réunis, il y aura des damnés et des heureux. / Ceux qui sont damnés seront dans le feu, / Où ils ont des soupirs et des sanglots » (11:105-6). Au centre du verso du premier fragment, l'en-tête de la sourate Yusuf est écrit à l'encre dorée avec des contours noirs, et il indique que le chapitre contient 111 ayat (versets). Outre l'en-tête, le fleuron légèrement peint en bleu et or dans la marge de droite sert de repère visuel marquant le chapitre. Malheureusement, une partie du fleuron a disparu lorsque le feuillet fut taillé à une date ultérieure. La sourate Yusuf raconte en détail l'histoire de Joseph (semblable, mais pas identique, aux versets 37 à 50 de la Genèse), qui fut vendu comme esclave par ses frères, puis qui entra à la cour d'Égypte. Transformée en parabole de la quête de la vérité et de l'amour divin, la narration prend une ampleur symbolique. Le premier verset de la sourate Yusuf commence par les trois lettres mystérieuses alif-lam-ra (a-l-r), également au début de quatre autres sourates (10, 11, 14 et 15). Selon certains érudits, ces al-muqatta'at (lettres abrégées) renferment des significations mystiques. Dans ce contexte, la combinaison « a-l-r » désigne peut-être de façon ésotérique Dieu, car son épithète « le miséricordieux » (al-rahman) commence par les lettres A, L et R. Le texte est rédigé en écriture coufique (Nouveau style I), avec des traits épais à l'encre noire, et les voyelles sont marquées par des points rouges. Des lignes obliques représentant les signes diacritiques furent ajoutées ultérieurement. Les repères de verset, très simples, sont composés d'un cercle doté d'un centre doré, mis en évidence par un cercle extérieur fin, également tracé à l'encre dorée. L'écriture est caractéristique des corans produits entre le Xe et le XIIIe siècle. Les marges contiennent des formes décoratives : d'abord une virgule dorée et, au centre du feuillet, un médaillon bleu et or. Dans l'angle inférieur droit du premier fragment, un petit panneau rectangulaire fut utilisé pour réparer une partie disparue du papier et du texte.