
Ce manuscrit de 40 pages, Tahdim al-Arkan min Laysa fi-al-Imkan Abda' mima Kan (Démantèlement des essences de « La plus merveilleuse des existences ») d'Ibrāhīm ibn 'Omar al-Biqā'ī (1406 ou 1407−1480), traite du débat philosophique au sein de l'Islam consistant à demander si le Créateur aurait pu façonner un monde plus parfait que celui qui existe. La question fut posée par le célèbre théologien et philosophe al-Ghazzali (1058−1111), qui répondit par l'affirmative. Dans ce texte, al-Biqā'ī réfute al-Ghazzali, déclarant qu'il est « impossible que la création de Dieu soit plus parfaite que ce qu'elle est déjà ». Pour faire valoir son point de vue, l'auteur se base sur les textes sacrés, le Coran et les hadiths (les paroles du prophète Mahomet), tout en rejetant les arguments d'anciens autres philosophes. Son argument sévèrement formulé témoigne de l'ardeur du débat entre philosophes et traditionalistes des textes trois siècles après que les écrits d'al-Ghazzali avaient soit disant mis fin à cette lutte intellectuelle. Al-Biqa'i fut l'une des figures les plus controversées de son époque. Appelé polymathe et polémiste, cet érudit pugnace était prompt à se quereller avec ses collègues. Ses écrits et sa prédication dérangèrent non seulement ses confrères juristes, mais également les souverains mamelouks égyptiens. Après s'être fait de nombreux ennemis, il fut expulsé du Caire. Il revint dans son Damas natal, où il finit ses jours. L'ouvrage présenté ici, appartenant aux collections de la Bibliothèque et archives nationales d'Égypte, est relié avec deux autres manuscrits.