
Kitāb anwār al-tanzīl wa asrār al-ta’wīl (Les éclats de la révélation et les mystères de l'exégèse) est l'ouvrage le plus connu du savant du XIIIe siècle 'Abdallāh ibn 'Umar al-Bayḍāwī (mort en 1286 env.). Comme le titre l'indique, il aborde l'exégèse coranique. L'ouvrage commence par une introduction, dans laquelle al-Bayḍāwī fait l'éloge de l'al-tafsīr (exégèse) comme principale science religieuse et base de la charia (loi islamique), puis il continue avec le texte du Coran, où chaque ayah (verset), rédigé à l'encre rouge, est accompagné d'un passage explicatif à l'encre noire. Dans l'exemplaire enluminé présenté ici, le texte principal est précédé d'un panneau somptueusement coloré et décoré d'arabesques, de volutes, de cartouches, ainsi que d'un médaillon contenant le basmala (l'appel au nom de Dieu), premiers mots du Coran. La conception de ce panneau et de la bande enluminée indiquant le titre de la première surah (chapitre) sur la même page sont caractéristiques de la tradition islamique des manuscrits coraniques richement enluminés. Les chapitres suivants débutent également par leur titre, visible dans une bande contenant le nom de la sourate, le lieu où elle fut révélée (généralement La Mecque ou Médine), ainsi que le nombre de versets qui la composent. Les en-têtes des chapitres ultérieurs, en lettres dorées sur fond non coloré, sont également remarquables, bien qu'ils soient souvent plus simples que les premiers. À au moins un endroit, le texte interprétatif déborde dans la zone consacrée au titre du chapitre suivant. Le nom des sourates diffère parfois de leur titre habituel, offrant un aperçu intéressant de la variation canonique inhérente à ces titres. Par exemple, la sourate 45 est ici intitulée al-Sharī'a (Le chemin clair), variante du titre plus répandu al-Jāthīya (L'agenouillée). Le texte, généralement d'une longueur comprise entre 33 lignes et une page, est rédigé dans des cadres bleus et dorés sur les pages, dont certaines furent considérablement endommagées par les insectes. Le manuscrit fut achevé le 18 joumada al oula de l'an 970 après l'Hégire (13 janvier 1563). Il est signé par Aḥmad ibn 'Alī ibn 'Abdallāh al-Bānūbī al-Azharī, indiquant Banub, dans la région du delta du Nil, comme nisba (provenance) du scribe. Al-Bayḍāwī, qui était originaire d'Al-Bayda, dans la province de Fars (aujourd'hui en Iran), aborda des thèmes très divers dans ses œuvres, notamment le fiqh (jurisprudence), l'histoire, la grammaire et la théologie. Bien que la majeure partie de sa vaste production savante fût composée en arabe, il écrivit son ouvrage historique, Niẓām al-tawārīkh (L'ordre de l'histoire), en persan, sa langue natale. De multiples commentaires furent écrits sur Kitāb anwār al-tanzīl wa asrār al-ta'wīl. L'ouvrage, qui fit partie du programme classique des écoles religieuses pendant de nombreux siècles, compta parmi les premiers livres sur le tafsir à être traduits en anglais.