
Kitāb al-kharāj (Livre de l'impôt foncier), texte classique sur le fiqh (jurisprudence islamique), fut écrit par Abū Yusūf Ya'qūb Ibrāhīm al-Anṣārī al-Kūfī (mort en 798, soit l'an 182 après l'Hégire) à la demande du calife abbasside Hārūn al-Rashīd (763 ou 766-809). Élève le plus célèbre d'Abū Ḥanīfa, Abū Yusūf est considéré, au même titre que son éminent professeur, comme l'un des fondateurs de l'école hanafite de droit islamique. Dans l'introduction du livre, Abū Yusūf raconte comment le calife lui demanda de produire un ouvrage sur la collecte de l'al-kharāj (impôt perçu auprès des non-musulmans), de l'al-'ushūr (dîme payée par les musulmans) et de l'al-ṣadaqāt (aumône), ainsi que sur les thèmes connexes nécessitant à la fois l'attention et l'action du public. Selon l'intention explicite d'Hārūn al-Rashīd, l'ouvrage devait aider à résoudre cette question qui accablait ses sujets et à améliorer leur bien-être économique. Le livre contient des en-têtes de chapitre tels que « Description des terres soumises à la dîme et à l'al-kharaj, ainsi que des Arabes, des non-Arabes, des idolâtres, du peuple du Livre [c'est-à-dire, les chrétiens et les juifs] et bien d'autres encore ». Il fournit également de nombreuses informations historiques et géographiques sur les premiers siècles de l'islam. Par exemple, le chapitre Faṣl fī arḍ al-shām wa al-jazīra (Chapitre sur les terres de la Syrie et de la Mésopotamie) inclut le récit de la conquête des territoires byzantins et sassanides. Cette copie manuscrite de Kitāb al-kharāj fut achevée à Damas vers la fin du mois de rajab de l'an 1144 après l'Hégire (janvier 1732). La table des matières, dont l'ordre incohérent des feuillets suggère qu'elle fut enlevée, puis rattachée au livre, fut apparemment écrite environ un siècle plus tard, le 16 dhou al hijja de l'an 1245 après l'Hégire (juin 1830), à Sarajevo (aujourd'hui en Bosnie-Herzégovine). Cet ouvrage, réimprimé dans de nombreuses éditions à l'époque moderne, fut traduit de l'arabe d'origine en anglais, en russe et en français.