
Cet ouvrage est un recueil de compositions (principalement en vers) par Ghulām Muḥammad Khān (1830–1900), éminent intellectuel afghan du XIXe siècle, de langue pachto. Connu sous le pseudonyme Ṭarzī (le styliste), Ghulām Muḥammad Khān appartenait à l'importante tribu des Barakzaï de Kandahar. L'introduction, ou dībācha, de cet ouvrage comporte le récit de l'exil d'Afghanistan de Ghulām Muḥammad Khān et de sa famille en 1882, ordonné par l'émir 'Abd-al-Raḥmān (règne : 1880−1901). Le récit notable et détaillé de la vie de cette famille hors d'Afghanistan, daté du 15 juin 1892, fut écrit par le fils de Ghulām Muḥammad Khān, Maḥmud Ṭarzī (1868−1935), fameux érudit et auteur de plein droit communément considéré comme le père du journalisme en Afghanistan. Il raconte le séjour de sa famille à Karachi, puis son immigration en Syrie, où Ghulām Muḥammad Khān obtint la protection et le parrainage du souverain ottoman Abdülhamid II (règne : 1876−1909). La majeure partie du dīwān (divan ou recueil) de Ṭarzī est composée de ghazals (poèmes lyriques), regroupés par ordre alphabétique en fonction de la dernière lettre de la rime, ou radīf. Dans la littérature persane, le ghazal désigne généralement un poème en mètres et en rimes, exprimant la beauté et la douleur de l'amour. Le ghazal dérive de la qaṣīda (ode) et suit le même schéma rythmique, bien qu'il soit plus court, ne comptant souvent pas plus de 12 vers. Bon nombre des ghazals de Ṭarzī sont des poèmes réponses en référence à des poètes antérieurs de la tradition persane et indo-persane. À cet égard, les poèmes d'Abd al-Qādir Bīdil (1644 ou 1645–1720 ou 1721) et de Ṣā'ib Tabrīzī (1601 ou 1602−1677) figurent en bonne place. Outre les ghazals, le divan inclut des rubā'īyāt (quatrains) et des compositions dans d'autres formes poétiques, telles que le tarjī' band et le tarkīb band (formes strophiques avec une série de vers isolés marquant la fin de chaque strophe). L'édition présentée ici est datée du 10 août 1893. L'ouvrage fut publié par Sardār Muḥammad Anwar Khān et imprimé à la presse de Fayḍ Muḥammadī à Karachi. Le calligraphe se nomme Muḥammad Zamān. Une note manuscrite sur la couverture de cet exemplaire indique qu'Asmā' Ṭarzī, épouse de Maḥmūd Ṭarzī, en fut la propriétaire, accompagnée de la date du 11 chaabane 1336 après l'Hégire (22 mai 1918). Dès son accession au trône, le souverain afghan, l'émir Habibullah (règne : 1901−1918), accorda l'amnistie à la famille de Ghulām Muḥammad Khān, lui permettant de revenir en Afghanistan. La fortune de la famille continua de prendre bonne tournure lorsque la fille d'Asmā' et de Maḥmūd Ṭarzī, Soraya, épousa le fils de l'émir Habibullah et fut reine d'Afghanistan de 1913 à 1929.