
Cette photographie provient de la série « Le chorégraphe Maurice Béjart ». Elle fut prise en 1978 par Leonid Zhdanov (1927−2010) pendant les représentations à Moscou de Roméo et Juliette par la compagnie bruxelloise, Ballet du XXe siècle. Mis en musique par Berlioz, le ballet ne fut représenté que deux fois au Palais d'État des congrès du Kremlin. Ekaterina Maximova (1939−2009), une ballerine du théâtre Bolchoï, interpréta le rôle de Juliette à l'invitation du chorégraphe Maurice Béjart (1927−2007). Roméo fut dansé une fois par Vladimir Vassiliev, danseur étoile du Bolchoï et une fois par Jorge Donn, danseur étoile du Ballet du XXe siècle. Bien que les danseurs aient dû apprendre le ballet pour une seule représentation, cette expérience créative fut un succès. Maximova se souviendra plus tard : « Le ballet commence par un prologue qui se déroule au présent. Lors d'une répétition dans une salle, dans laquelle les danseurs se rejoignent pour former un groupe, une querelle éclate et tourne à la bagarre. Tout à coup, Béjart, le maître de ballet, apparaît sur la scène de l'auditorium. Un geste rapide des mains, un claquement des doigts et chacun est de retour à sa place. Dans le même temps, un garçon et une fille, que nous n'avions pas vus avant, sortent de l'arrière de la scène. Ils n'ont pas participé à la bagarre. Ils ont les mêmes costumes que tout le monde, mais blancs. Ce sont toujours des danseurs de la troupe, mais le maître de ballet les considère comme Roméo et Juliette. À ce stade, il devient créateur et le public sent que mystérieusement une idée est née, et que le chorégraphe, à l'égal du démiurge, la transmet aux danseurs ». Le moment où Béjart choisit Juliette est saisi ici par le photographe. Zhdanov, ancien danseur du Bolchoï et professeur de chorégraphie pendant 50 ans, fut également photographe de danse professionnel durant la majeure partie de sa carrière. Ses photos sont spontanées et fixent sur la pellicule les mouvements, les humeurs et les émotions des danseurs capturés sur le vif. L'œuvre de bienfaisance « Renaissance de l'art » à Moscou détient cette image et le reste des archives de Zhdanov.