
Qānūnjah (également intitulé en persan Qānūncha), livre médical de Mahmud ibn Muhammad al-Jaghmini, fut écrit à la fin du XIIe siècle ou au début du XIIIe inspiré, comme le nom l'indique, par l'ouvrage encyclopédique d'Avicenne, al-Qānūn fī al-ṭibb (Canon de la médecine). L'ouvrage d'al-Jaghmini fit lui-même l'objet d'un grand intérêt et inspira à son tour de nombreux commentaires. Le commentaire présenté ici, sur Qānūnjah, fut composé par 'Ali ibn Kamal al-Din al-Astarabadi sous le sultan ottoman Bajazet II (règne : 1481–1512) et dédié à ce souverain. La nisba (nom indiquant l'origine d'une personne) Astarabadi révèle que l'auteur était originaire d'Asterabad (Gorgan, en Iran actuel). Dans le colophon de son ouvrage, Kamal al-Din indique qu'il naquit dans cette ville, bien qu'il fournisse également la nisba al-Makki (le mecquois), peut-être en référence à la cité de ses ancêtres. Le manuscrit présenté ici fut achevé à Constantinople (Istanbul) le 24e jour du mois de chawwal, en l'an 1174 après l'Hégire (29 mai 1761). Le scribe, Muhammad Tahir, fonctionnaire important de l'administration ottomane, ajouta en postface un quatrain persan implorant Dieu de « préserver la croyance de ceux qui lisent ce texte et prient [pour le copiste] ». Le manuscrit contient un addendum, qui traite des « facultés de perception », c'est–à–dire les sens de l'ouïe, de la vue, de l'odorat, du goût et du toucher. L'auteur de ce court traité s'identifie comme Muhammad, médecin en chef au Dar al-shifa' (hôpital, ou littéralement « maison de guérison »), et note qu'il vise à faciliter l'apprentissage des « sens » pour les élèves étudiant Qānūnjah. Bien que le Dar al-shifa' ne soit pas spécifiquement nommé, le Dar al-shifa' faisant partie du vaste complexe médical fondé par le sultan Bayezid à Edirne en 1488 servit d'hôpital d'enseignement et de centre médical.