
Les livres d'heures sont des livres de prières, généralement richement enluminés, destinés à l'usage personnel des laïcs, datant de la fin de l'époque médiévale. La Bibliothèque nationale des Pays–Bas possède une vaste collection de ce type d'ouvrage, dont l'un des plus remarquables est le Livre d'heures de Simon de Varie. Les enluminures du manuscrit furent principalement réalisées par des artistes inconnus, raison pour laquelle ces derniers sont désignés par un nom dérivé de leur ouvrage. Le Livre d'heures de Simon de Varie contient des enluminures du Maître de Jean Rolin II et du Maître du Livre d'heures de Dunois. Toutefois, un nombre réduit d'enluminures furent créées par l'éminent Jean Fouquet (1420−1480 env.), souvent considéré comme le plus grand peintre français du XVe siècle. La Madone avec le Christ, dans le second volume de l'ouvrage, est un véritable chef–d'œuvre : Fouquet drapa le voile de Marie autour de la tête du Christ, créant une atmosphère intime. La main de Jésus posée sur le bord du cadre, trompe–l'œil qui suggère une profondeur. L'histoire du manuscrit est mouvementée. Son propriétaire, Philippe de Béthune (1561–1649), divisa le manuscrit en trois parties au XVIIe siècle. Une partie (KB 74 G 37) arriva à la bibliothèque du stathouder Guillaume IV, prince d'Orange, et de ses héritiers, puis fut transférée en 1816 à la Bibliothèque nationale des Pays–Bas. Cette dernière acquit la seconde partie, présentée ici, en 1890 auprès d'un libraire de livres anciens à Francfort–sur–le–Main. La troisième partie, qui réapparut en 1983 à San Francisco, dans la boutique d'un libraire de livres anciens, est désormais conservée au musée J. Paul Getty, à Malibu (Ms. 7). Il fallut attendre que la troisième partie fût découverte pour connaître qui commanda le livre d'heures. Toutefois, l'image d'un homme en armure et tunique rouge sous la devise « Vie à mon désir » apparaissent au début du volume du musée Getty. Les recherches de François Avril révélèrent que ces mots étaient la clé de l'identité du commanditaire, « Vie à mon désir » étant une anagramme de Simon de Varie. De Varie était le fils d'un riche commerçant en textiles de Bourges. Sa carrière fut éclipsée par celle de son frère Guillaume qui, bien qu'impliqué dans un scandale notoire de fraude, fut ministre des finances du Languedoc. Les quelques sources qui mentionnent Simon suggèrent qu'il partagea le succès de Guillaume, devenant néanmoins contrôleur des recettes extraordinaires dans le Languedoc. Simon de Varie mourut après avril 1463, probablement célibataire et sans enfants.