
En décembre 1916, le président des États–Unis, Woodrow Wilson, chef de la première puissance mondiale neutre, proposa un plan mettant fin à la Grande Guerre avec une « paix sans victoire ». Wilson demanda aux Alliés et aux Empires centraux de lui transmettre leurs conditions pour résoudre le conflit. Dans leur réponse à la note de Wilson, les puissances alliées déclarèrent : « Le monde civilisé sait que les objectifs des Alliés incluent la réorganisation de l'Europe, garantie par un régime stable et fondée aussi bien sur le respect des nationalités que sur le droit à la pleine sécurité et à la liberté de développement économique que possèdent tous les peuples, petits et grands ». Les Français et les Britanniques n'avaient aucun intérêt à négocier une paix sans victoire ou à accorder ce que Wilson appelait le droit à l'autodétermination à leurs peuples sujets. Ils étaient toutefois enclins à utiliser la question de la nationalité dans le cadre de leur campagne de propagande contre leurs ennemis. Cette carte de 1917, publiée en Grande–Bretagne et basée sur des sources allemandes d'avant–guerre, met en évidence la diversité ethnique et le grand nombre de peuples sujets au sein des populations des puissances de l'alliance germanique. Si l'Allemagne impériale proprement dite avait une population relativement homogène, avec 92 pour cent d'Allemands ethniques, il en était autrement pour l'Autriche–Hongrie et l'Empire ottoman. Comme les tableaux dans l'angle supérieur droit de la carte l'indiquent, la région de l'Empire austro–hongrois gouvernée par l'Autriche comptait seulement 35 pour cent d'Allemands, tandis que les régions de la double monarchie sous le contrôle hongrois n'étaient composées que de 48 pour cent de Magyars. Les Turcs ethniques constituaient uniquement 35 pour cent de la population de l'Empire ottoman. Les hachures permettent d'identifier les régions habitées par les peuples différents, notamment des Slaves de nationalités variées, des Roumains, des Italiens et, dans l'Empire ottoman, des Arabes, des Arméniens, des Kurdes, etc. Après la Première Guerre mondiale, les Empires austro–hongrois et ottoman furent dissolus conformément au principe d'autodétermination nationale et remplacés par des États plus petits. L'Allemagne devint davantage homogène sur le plan ethnique lorsqu'elle perdit la plupart de ses territoires peuplés de Polonais, d'Alsaciens, de Danois et d'autres minorités. La zone est représentée à l'échelle 1:4 300 000 environ.