
La tradition chevaleresque des Arabes est un ouvrage de l'écrivain et politicien égyptien Wacyf Boutros Ghali (1878–1958), qui tente de lier la tradition chevaleresque du Moyen Âge européen aux mœurs et aux coutumes des Arabes. L'auteur examine plusieurs caractéristiques majeures de la chevalerie, à savoir l'ascendance ancestrale et morale, l'estime pour les femmes, les chevaux et les armes, et surtout l'honneur, qu'il considère aussi commun chez les Arabes qu'en Europe médiévale. « Si l'Arabie gardait la plante et la fleur de l'Honneur comme si elles lui appartenaient », écrit–il, « la France s'enivra de son parfum, le répandant à toute l'humanité ». Ghali, chrétien orthodoxe copte, faisait partie de l'élite francophone cosmopolite d'Égypte. Du milieu du XIXe siècle au milieu du XXe, l'Égypte et la France entretinrent des liens culturels particulièrement étroits, avec notamment des écoles, des périodiques, des revues littéraires, des associations, des journaux, des émissions de radio, des conférences et du théâtre français comme partie intégrante de la vie culturelle au Caire et à Alexandrie. À l'instar de nombreux autres membres de son entourage, Ghali fut éduqué dans cet environnement francophone et y participa. Dès 1952, 36 périodiques et quatre quotidiens français existaient au Caire, tandis qu'Alexandrie comptait quatre quotidiens et 26 revues. Ghali fut l'un des hommes d'État respectés appartenant au cercle des intellectuels francophiles en Égypte. En dépit de ses liens avec le parti nationaliste égyptien, le Wafd (il servit en tant que ministre des Affaires étrangères dans quatre cabinets du Wafd), Ghali fut un véritable produit de la culture française. Il vécut en France pendant de longues périodes, épousa une Française et fit publier ce livre à Paris. Ses écrits critiques furent fortement influencés par l'érudition orientaliste et la principale critique littéraire française de son époque. Pour Ghali, la chevalerie représentait la manifestation du meilleur de la civilisation française. Il appelle cela « le germe divin de la noblesse morale profondément implanté dans nos cœurs », partagé sous diverses formes dans d'autres nations et cultures, y compris le monde arabe.