
Ce dessin représente la mission française auprès des Iroquois au Sault–Saint–Louis (aujourd'hui Caughnawaga, ou Kahnawake, près de Montréal, au Canada), fondée en 1680 sur les rives du Saint–Laurent. Le jésuite Joseph–François Lafitau y séjournera cinq ans parmi les Iroquois entre 1712 et 1717. Lafitau, formé en rhétorique et en philosophie, était féru de théologie et de culture classique. À l'âge de 31 ans, il partit pour le Canada en tant que missionnaire, où il s'initia, avec la collaboration du père Julien Garnier, à la langue et à la culture iroquoises. Il fut nommé en 1722 procureur des missions de la Nouvelle–France et écrivit son ouvrage majeur Mœurs des sauvages américains en 1724. L'approche de Lafitau consistait à se servir des connaissances sur les peuples anciens, tels que les Hébreux et les Grecs, pour mieux comprendre les mœurs autochtones. Il s'efforça de prouver l'origine commune des Indiens et des Occidentaux, tentant d'étayer le dogme chrétien de l'unité de la création. Lafitau employa systématiquement une méthode d'anthropologie scientifique comparée, déjà utilisée par André Thevet et Marc Lescarbot, tout en faisant preuve dans ses descriptions d'une minutie rarement égalée à l'époque. Il comprit le système de parenté classificatoire des Iroquois et reconnut l'importance des femmes dans la société iroquoise, qu'il qualifia de « gynécocratie ». Il découvrit également que le ginseng était originaire d'Amérique du Nord et que les Iroquois l'utilisaient comme remède contre la fièvre. Lafitau devint supérieur de la mission de Sault–Saint–Louis en 1727, puis rentra définitivement en France en 1729. Il assuma la fonction de procureur des missions jésuites en Nouvelle–France de 1723 à 1741. Le dessin montre l'église de la mission, les quartiers des missionnaires et le village des Iroquois. Le fleuve Saint–Laurent est visible au premier plan. L'auteur du dessin est inconnu.