
Ce fragment de calligraphie est composé d'un ruba'i (quatrain en pentamètre iambique) honorant un roi. Écrits en oblique avec des caractères nasta'liq noirs, les vers apparaissent dans des rubans de nuage sur un fond violet, peint assez sommairement, et indiquent : « Oh roi, puissent les matins de ta fortune / Durer jusqu'au matin du [jour du] rassemblement / Puissent la chance te mener aux limites extrêmes de l'espoir / Et le mauvais œil ne jamais t'atteindre ». Avec ces paroles, le poète souhaite au roi la bonne fortune jusqu'à la fin des temps, littéralement jusqu'au mahshar (jour du rassemblement lors du Jugement dernier), et la protection éternelle contre l'envie ou chasm-i bad (mauvais œil). Dans l'angle inférieur gauche, une note du calligraphe Rukn al-Din Mas'ud al-Tabib mentionne qu'il a copié le namaqahu (texte) et il demande à Dieu de pardonner ses défauts. Rukn al-Din fut surnommé al-Tabib (le docteur), car il était issu d'une longue lignée de médecins du roi. Il occupa d'ailleurs un haut poste à la cour, ou divan, du Chah 'Abbas Ier (règne : 1587–1629), à Isfahan, mais lorsque le souverain persan ne se remit pas d'une maladie, il demanda que Rukn al-Din le remboursât, puis il le chassa de la ville. Rukn al-Din partit pour Mashhad (dans le nord-est de l'Iran), ville à partir de laquelle il voyagea jusqu'à Balkh (aujourd'hui en Afghanistan) et finalement en Inde. Maître reconnu de l'écriture nasta'liq, il a probablement réalisé ce quatrain élogieux pour le Chah 'Abbas Ier avant que ce dernier le bannisse.