
L'établissement de la dynastie musulmane berbère des Almohades en Afrique du Nord et en Andalousie au XIIe siècle coïncida avec le déclin des avancées scientifiques dans de nombreux domaines de connaissances, notamment en médecine. Ce ne fut pas le cas avec les mathématiques. Le traité préservé dans ce manuscrit avec d'autres travaux du même auteur démontrent clairement la vitalité de ce domaine sous le règne des Almohades et de la dynastie marinide qui s'ensuivit. Abū ‛Abbās Ahmad Ibn al-Bannā est né au cours de la seconde moitié du XIIIe siècle à Marrakech et a passé la plus grande partie de sa vie à travailler comme professeur dans la ville de Fès. Ses intérêts ne se limitaient pas aux mathématiques : il réalisa une introduction à la géométrie euclidienne et dressa des tables astronomiques pour le calcul des positions planétaires, ainsi que des traités de logique, de linguistique et de rhétorique. En outre, il fut un membre actif de la confrérie soufie des Hazmīrīya. Le biographe Ahmād ibn Šātir (mort en 1375) alla même jusqu'à attribuer à al-Bannā l'accomplissement de miracles. L'ouvrage présenté ici est un commentaire approfondi en deux parties portant sur un autre traité d'al-Bannā, le Talhīs ‘amal al-hisāb (L'abrégé des opérations de calcul). La complexité de cet ouvrage fut reconnue par le célèbre historiographe du XIVe siècle Ibn Haldūn qui décrivait le traité dans son Muqaddima (Introduction) comme « très difficile pour les débutants, en raison de sa rigueur et de l'ordre strict des démonstrations. » Dans ce commentaire, Ibn al-Bannā explique en détail des opérations mathématiques complexes, comme le calcul combinatoire, les fractions continues, les séries arithmétiques et les coefficients binomiaux offrant ainsi un cadre philosophique et théologique à son discours mathématique.