
La tradition mathématique qui se développa en Afrique du Nord au cours du Moyen Âge continua de susciter l'intérêt des savants au cours des siècles suivants. Les traités médiévaux étaient fréquemment lus et faisaient l'objet de commentaires. Dans bien des cas, ces commentaires firent l'objet à leur tour d'autres travaux (les supercommentaires) dont l'objectif était de clarifier le sujet des traités originaux. Ce manuscrit est un exemple de ce phénomène. Au XIIe siècle, le mathématicien nord-africain ‘Abdallāh ibn Hajjāj ibn al-Yāsamīn récapitula ses connaissances mathématiques dans un traité en vers connu sous le nom de Yāsamīnīyya (Le traité d'al-Yāsamīn). Vers la fin du XVe siècle, les vers d'al-Yāsamīn firent l'objet d'un commentaire en prose, Lum‘a al-Mardinīyya fī Šarh al-Yāsamīnīyya (Le scintillement d'al-Mardinī dans l'explication du traité d'al-Yāsamīn), par Muhammad ibn Muhammad ibn Ahmad Abū ‘Abdallāh Badr al-Dīn, aussi connu sous le nom de Sibt al-Mārdīnī. Sa principale contribution fut la description de la périodicité des fractions sexagésimales. L'intérêt pour ce traité était encore bien présent au XVIIIe siècle lorsque le supercommentaire préservé dans ce manuscrit vit le jour. Son auteur, Muhammad ibn Sālim al-Hifnī, est né vers 1689–1690 dans une famille très modeste de la province égyptienne de Šarqiyya. Il partit pour Le Caire alors qu'il n'était qu'un jeune adolescent, où il travailla comme copiste de manuscrits, jusqu'à ce qu'un bienfaiteur lui permette de se consacrer entièrement aux études religieuses et juridiques. Sa carrière en tant que juriste de l'école Šāfī‘ī et membre actif de l'ordre soufi des Khalwatiyya le conduisit à l'un des postes intellectuels les plus prestigieux du monde islamique : il fut nommé directeur de l'Université du Caire Al-Azhar en 1757 et occupa cette fonction jusqu'à sa mort vers 1767-1768.