
Ce cliché du fort de Jamrūd est extrait d'un album de photographies historiques rares de personnalités et de sites associés à la seconde guerre anglo-afghane. Le fort est situé au Pakistan actuel, à l'entrée est du col de Khyber, lieu stratégique important permettant de franchir la chaîne de montagnes de l'Hindu Kush le long de l'antique route de la soie, qui reliait l'Inde britannique à l'Afghanistan au XIXe siècle. Il fut le site d'une bataille majeure entre les Empires Sikh et Durrani de 1836 à 1837. Bien que le fort semble en ruine, il s'agissait d'un point de transit essentiel pour les traversées du col, et il devint le siège du régiment d'infanterie de Khyber, force auxiliaire de l'armée indienne britannique. Au premier plan de la photographie, un membre de tribu afghan s'entraîne à tirer avec son jezail (lourd mousquet allongé) sur une cible au loin, sous le regard de deux compagnons. La seconde guerre anglo-afghane commença en novembre 1878 lorsque la Grande-Bretagne, se sentant menacée par l'influence croissante des Russes en Afghanistan, envahit le pays depuis l'Inde britannique. La première phase de la guerre s'acheva en 1879 avec le traité de Gandamak, qui permit aux Afghans de conserver leur souveraineté nationale, mais les força à céder le contrôle de leur politique étrangère aux Britanniques. Les combats reprirent en septembre 1879, à la suite d'un soulèvement antibritannique à Kaboul, et ils se conclurent finalement en septembre 1880 avec la bataille décisive de Kandahar. L'album contient des portraits de dirigeants et de militaires britanniques et afghans, mais également d'Afghans ordinaires, ainsi que des représentations de camps et d'activités militaires britanniques, de structures, de paysages, et de villes et de villages. Les sites photographiés sont tous situés sur le territoire de l'actuel Afghanistan ou Pakistan (une partie de l'Inde britannique à l'époque). Près d'un tiers des photographies furent prises par John Burke (1843–1900 env.), un second tiers par sir Benjamin Simpson (1831–1923) et le reste par plusieurs autres photographes. Les auteurs de certains clichés ne sont pas identifiés. Bien que cette théorie ne fût jamais confirmée, l'album fut vraisemblablement compilé par un membre du gouvernement indo-britannique, et les circonstances de son arrivée dans les collections de la Bibliothèque du Congrès restent inconnues.