
À l'instar de bon nombre de ses contemporains, Rizqallah Hassoun (1825−1880) entreprit de transcrire les classiques dans un style rafraîchi de la langue arabe. Dans Ash'ar al-shi'r (La plus poétique des poésies), il décida de recréer des textes choisis de l'Ancien Testament dans une forme poétique accessible. Dans son avant-propos, l'auteur affirme que le livre de Job est un monument de la littérature mondiale au même titre que les œuvres d'Homère et de Shakespeare, expliquant sa place proéminente dans le recueil. La traduction par Hassoun de l'histoire de Job en poésie arabe ne se veut pas une lecture biblique destinée aux pieux, mais plutôt une démonstration de la richesse et de l'adaptabilité de la langue arabe. Pour ses poèmes, Hassoun s'inspira de la traduction arabe de Cornelius Van Dyck (1818−1895), qui est selon lui « la meilleure traduction arabe de la Bible qu'[il] connaisse », ainsi que de la bible anglaise de 1811, annotée par John Styles. En outre, l'ouvrage contient des versions poétiques des livres de l'Exode, du Deutéronome, du Cantique de Salomon, de l'Ecclésiaste et des Lamentations. Rizqallah Hassoun joua un rôle actif dans la vie culturelle et politique de son temps. Il fonda un des premiers journaux arabes et fit partie de l'opposition antiottomane au Levant et dans la capitale impériale, Constantinople (aujourd'hui Istanbul), ce qui lui valut d'être forcé à l'exil en Russie et en Angleterre. Ash'ar al-shi'r suit le modèle des autres publications d'Hassoun de par son emphase sur le style littéraire comme qualité à cultiver pour elle-même et non comme véhicule du prosélytisme ou de la piété personnelle. Si l'ouvrage ne comporte pas de colophon indiquant les détails de publication, des notes occasionnelles mentionnent que l'auteur termina ses ébauches en 1869, lorsqu'il résidait en Angleterre. Le livre fut imprimé en 1870 à l'American Press de Beyrouth.