
Cet ouvrage est un recueil de poésie ci par le poète Song du Nord Huang Tingjian (1045−1105), de son prénom de courtoisie Luzhi, et de ses prénoms sociaux Shangu Daoren et Fuweng, qui était originaire de Fenning, dans l'Hongzhou (actuel comté de Xiushui, dans la province du Jiangxi). La prose et la poésie d'Huang étaient très populaires et admirées par son contemporain le poète et calligraphe Su Shi (1037−1101). Jouissant de la même renommée, Su et Huang furent souvent mentionnés ensemble sous la forme Su–Huang. Durant les premières années du règne de Yuanyou (1086−1094), Huang, ainsi que Zhang Lei (1054−1114), Qin Guan (1049−1100) et Chao Buzhi (1053−1110), se lièrent d'amitié avec la famille Su. Ils furent appelés les « Quatre érudits de la famille Su ». Huang composa de la poésie lyrique ci appartenant à l'école du Jiangxi qui, selon lui, « avait quitté sa forme embryonnaire, changé son ossature et transformé le fer en or ». Il s'inspira considérablement de Su Shi et influença Jiang Kui, également Baishi (1155−1235 env.). Huang appliqua une approche non conventionnelle à la poésie, devenant le chef de file et le représentant de la poésie ci de l'époque. Ses poèmes ci et ceux de Qin Guan connurent une grande popularité. Chen Shidao (1053−1102), le poète Song du Nord, affirma dans son ouvrage Houshan shi hua (Remarque d'Houshan sur la poésie) que « parmi les maîtres du ci [de son temps], Qin Guan était le septième meilleur poète Song et Huang le neuvième », ce qui leur valut les surnoms de « Qin le septième et Huang le neuvième » à cette époque. Les poèmes lyriques d'Huang sont caractéristiques de la « création d'un cià partir d'un shi (poème) ». Cette approche d'écriture du ci est exemplifiée dans l'un de ses ouvrages, intitulé Zhegutian:xiao Li Ruchi yu fu ci (Mélodie des perdrix dans le ciel : imitant le « Pêcheur » de Li Ruchi) : « Les blanches aigrettes survolent le mont Xisai, les fleurs de pêcher, les eaux vives et le poisson–mandarin charnu. La cour cherche encore Xuanzhenzi [prénom social du poète Tang Zhang Zhihe], où puis–je découvrir davantage de poésie ? Chapeau de bambou vert, cape de pluie de paille verte, vent oblique et bruine, il n'est pas encore nécessaire de rentrer. Aucune vague ne s'échoue au bas du monde ; une tempête d'un jour dure douze heures ». Comparé à ses poèmes, qui étaient splendides, son ci semblait relativement terne. Toutefois, Huang fut à juste titre considéré comme le fondateur du style de ciélégant sous les Song. Si pour les lecteurs d'aujourd'hui, l'œuvre d'Huang est semblable à celle de Su Shi, ceux de la dynastie Song le comparait à Qin Guan. Certaines recherches suggèrent que 180 poèmes ci d'Huang Tingjian existent encore de nos jours. Dans cet exemplaire, le premier juan contient 27 poèmes, le second juan en compte 28 et le troisième 35, c'est–à–dire un total de 90 poèmes, soit la moitié de l'ensemble de son œuvre. Le contenu et le style de ces poèmes lyriques ci sont variés. Selon le commentaire d'un critique, « ses beaux poèmes ci relevaient d'un esprit exceptionnellement intelligent et d'un style peu conventionnel. Les mots de ceux ayant trait à la plaisanterie n'ont pas leur place dans les dictionnaires. Les poèmes douteux auraient été condamnés à l'enfer par le taoïste Faxiu ». Chao Buzhi, un autre des Quatre érudits de la famille Su, déclara que les poèmes lyriques ci courts d'Huang Tingjian étaient ingénieux, mais qu'ils se différenciaient des compositions conventionnelles, car le ci d'Huang utilisait des mélodies populaires pour chanter des poèmes raffinés.