
Ce fragment de calligraphie inclut un ruba'i (quatrain en pentamètre iambique) faisant l'éloge de la vision, le plus affûté des sens humains. Le texte est écrit en caractères nasta'liq noirs sur du papier beige décoré de peinture dorée. Encadré par deux bordures beiges et dorées, le panneau de texte est collé sur du papier bleu orné de motifs de vignes et à fleurs. Le quatrain commence par une invocation à huwa al-mu'izz (Dieu le glorifié), suivie des vers : « Le cœur est le lieu de la tristesse et l'œil celui de l'essence / L'essence de ton arrivée réside donc dans le regard humide / Dans le cœur (existe) la tristesse et dans l'œil demeure ton image / Car mon œil est plus fin que mon cœur ». Le poète décrit ses larmes (« regard humide ») à la vue de sa bien-aimée et tente de montrer que l'imagination visuelle est plus sensée et réceptive que le cœur. Dans l'angle inférieur gauche, al-katib (l'écrivain) Mas'ud al-Tabib a signé de son nom accompagné de ses épithètes diminutifs al-da'if aqall al-'ibad (« le faible, le plus petit des servants »). Le nom complet du calligraphe est Rukn al-Din Mas'ud al-Tabib, maître reconnu de l'écriture nasta'liq. Rukn al-Din fut surnommé al-Tabib (« le docteur »), car il était issu d'une longue lignée de médecins du roi. Il occupa d'ailleurs un haut poste à la cour, ou divan, du Chah 'Abbas Ier (règne : 1587–1629), à Ispahan, mais lorsque le souverain ne se remit pas d'une maladie, il demanda que Rukn al-Din le remboursât, puis il le chassa de la ville. Rukn al-Din partit pour Mashhad (dans le nord-est de l'Iran), ville à partir de laquelle il voyagea jusqu'à Balkh (aujourd'hui en Afghanistan) et finalement en Inde.