Grâce à ses nombreuses illustrations, le récit des voyages de Bernhard von Breydenbach en Terre sainte, publié en 1486, supplanta le dernier livre de voyage à succès, écrit par Hans Tucher. Le livre de Breydenbach fut d'autant plus populaire qu'il parut initialement dans une version latine, puis quatre mois plus tard en allemand et deux ans après dans une édition néerlandaise. Pour rendre compte de son périple, Breydenbach se fit accompagner d'un artiste qui nota ses impressions. La mention du nom de l'artiste, Erhard Reuwich, dans l'introduction de la première édition du livre est sans précédent dans l'histoire de l'impression. Comme le colophon et la marque d'imprimeur l'indiquent, Reuwich était originaire d'Utrecht, et ils illustrèrent et imprimèrent ensemble l'ouvrage. Les illustrations de Reuwich sont caractérisées par la virtuosité avec laquelle il rendit ses dessins sur le support imprimé. Le nouveau réalisme de celles représentant les villes, sur feuille dépliante grand format, est particulièrement remarquable. La plus grande de ces illustrations, imprimée à l'aide de quatre blocs de bois, chacun de la taille d'une feuille de papier, montre une vue à vol d'oiseau des abords pittoresques du sud de Venise, depuis le Grand Canal et les îles de la lagune. Il est possible d'identifier le point de vue de l'artiste : la tour de l'église de San Giorgio Maggiore, située sur l'île du même nom. Le rendu de l'architecture vénitienne par Reuwich est presque plus vrai que nature, ce qui permet de reconnaître facilement des bâtiments éminents. Certains de ces édifices furent toutefois vieillis par rapport à leur condition réelle à l'époque. Comme une étude récente le suggère, le concept d'illustration de Reuwich pour le livre de voyage fut profondément influencé par sa découverte de Venise et de son art. En effet, il semble que son rôle consista largement à collecter des œuvres d'art représentatives à chaque étape du voyage, afin de les utiliser par la suite pour illustrer le livre racontant les périples de Breydenbach. Pour l'illustration de Venise, il s'inspira probablement d'un dessin de l'artiste vénitien Jacopo Bellini (1400–1470 ou 1471 env.), puis il l'adapta en fonction de ses propres observations. D'autres dessins que Bellini produisit entre 1435 et 1440 révèlent qu'il avait tendance à représenter l'architecture de la ville, à son époque encore très gothique, avec une touche de Renaissance moderne, conférant à l'illustration de Reuwich une qualité documentaire exemplaire pour l'histoire de l'architecture vénitienne. La copie du livre de Breydenbach présentée ici est la version allemande de l'ouvrage, traduit par Martin Roet. Elle appartint autrefois à Hartmann Schedel (1440–1514), qui imita certaines des gravures sur bois de Reuwich dans sa Chronique de Nuremberg.
Grâce à ses nombreuses illustrations, le récit des voyages de Bernhard von Breydenbach en Terre sainte, publié en 1486, supplanta le dernier livre de voyage à succès, écrit par Hans Tucher. Le livre de Breydenbach fut d'autant plus populaire qu'il parut initialement dans une version latine, puis quatre mois plus tard en allemand et deux ans après dans une édition néerlandaise. Pour rendre compte de son périple, Breydenbach se fit accompagner d'un artiste qui nota ses impressions. La mention du nom de l'artiste, Erhard Reuwich, dans l'introduction de la première édition du livre est sans précédent dans l'histoire de l'impression. Comme le colophon et la marque d'imprimeur l'indiquent, Reuwich était originaire d'Utrecht, et ils illustrèrent et imprimèrent ensemble l'ouvrage. Les illustrations de Reuwich sont caractérisées par la virtuosité avec laquelle il rendit ses dessins sur le support imprimé. Le nouveau réalisme de celles représentant les villes, sur feuille dépliante grand format, est particulièrement remarquable. La plus grande de ces illustrations, imprimée à l'aide de quatre blocs de bois, chacun de la taille d'une feuille de papier, montre une vue à vol d'oiseau des abords pittoresques du sud de Venise, depuis le Grand Canal et les îles de la lagune. Il est possible d'identifier le point de vue de l'artiste : la tour de l'église de San Giorgio Maggiore, située sur l'île du même nom. Le rendu de l'architecture vénitienne par Reuwich est presque plus vrai que nature, ce qui permet de reconnaître facilement des bâtiments éminents. Certains de ces édifices furent toutefois vieillis par rapport à leur condition réelle à l'époque. Comme une étude récente le suggère, le concept d'illustration de Reuwich pour le livre de voyage fut profondément influencé par sa découverte de Venise et de son art. En effet, il semble que son rôle consista largement à collecter des œuvres d'art représentatives à chaque étape du voyage, afin de les utiliser par la suite pour illustrer le livre racontant les périples de Breydenbach. Pour l'illustration de Venise, il s'inspira probablement d'un dessin de l'artiste vénitien Jacopo Bellini (1400–1470 ou 1471 env.), puis il l'adapta en fonction de ses propres observations. D'autres dessins que Bellini produisit entre 1435 et 1440 révèlent qu'il avait tendance à représenter l'architecture de la ville, à son époque encore très gothique, avec une touche de Renaissance moderne, conférant à l'illustration de Reuwich une qualité documentaire exemplaire pour l'histoire de l'architecture vénitienne. La copie du livre de Breydenbach présentée ici est la version allemande de l'ouvrage, traduit par Martin Roet. Elle appartint autrefois à Hartmann Schedel (1440–1514), qui imita certaines des gravures sur bois de Reuwich dans sa Chronique de Nuremberg.